Le Stade Toulousain s’apprête à revivre une demi-finale de Champions Cup dans un Stadium de Toulouse comble, ce dimanche face aux Quins londoniens (coup d’envoi 16h). Rétro sur l’historique des confrontations au Stadium dans le dernier carré de la Coupe d’Europe.
Yannick Jauzion face au Leinster lors de la demi-finale de H-Cup 2010.
Crédit photo : La Dépêche
L’odeur du printemps, le soleil frappant la brique rouge, sont des signes qui ne trompent pas sur la place du Capitole : les phases finales arrivent de pleins fers. Si Toulouse a écarté le Racing 92 puis déroulé face à Exeter, les vrais matchs qui comptent démarrent ce week-end pour rêver d’une fin de saison dorée. Qui plus est, les hommes d'Ugo Mola bénéficient de la réception de la demi-finale, au Stadium, pour la quatrième fois seulement en seize demi-finales européennes disputées. Rétro sur l’historique des confrontations au Stadium dans le dernier carré de la Coupe d’Europe.
1997, Brive joue les trouble-fêtes
Un après-midi de décembre, quatre petits jours avant Noël, le Stade Toulousain, vainqueur de la première Coupe d’Europe en 1996, reçoit le CA Brive, vainqueur de l’édition 1997, onze mois auparavant. L’affiche titrait « le choc des champions ». Et comme pressenti, ça a fait l’effet d’un choc. Sur la pelouse spongieuse du Stadium, et ce, malgré le mauvais temps de la période hivernale, l’air était à la fête, au printemps, aux allures de grands soirs de mai aux abords du Parc des Princes.
Sur le terrain, le champion de France, Toulouse, domine le champion d’Europe, Brive. En quart de finale, les rouges et noirs en avaient passé cinquante face aux Anglais des Harlequins (51-10). On attendait donc qu’eux. Mais malgré une nette domination, Toulouse ne creuse pas l’écart et laisse Brive dans le match. Les chocs se font rudes et l’ivresse du jeu de main se transforme en gagne terrain stérile. Olivier Magne franchi néanmoins la ligne toulousaine et Brive prend l’avantage. Peu avant la mi-temps, Toulouse réagit sur une attaque grand coté après une mêlée à 5 mètres de l’en-but adverse et Bondouy, opportuniste sur une passe incertaine, file aplatir. 8-7 pour les locaux à la pause.
En seconde mi-temps, Brive reste au coude-à-coude. Toulouse ne concrétise que par des petites additions de pénalités successives. La victoire au compte-goutte se rapproche. Les Corréziens, ne pouvant pas se référer aux calculs d’apothicaires pour gagner, tentent le tout pour le tout à la dernière minute. Carbonneau lit le mauvais alignement de la défense locale pour servir Sébastien Carrat qui s’en va inscrire l’essai de l’égalisation avant la transformation. Celle-ci frôle le poteau droit. 22-22, direction les prolongations. Au-delà des vingt minutes supplémentaires de frustration sans aucun point, c’est Brive qui se hisse en finale au nombre d’essais marqués (2 à 1). Brive se cognera à Bath et entérinera ses rêves de doublé au début de l’année 1998.
2003, Toulouse s’offre la voie d’une deuxième étoile
Devant les 33 000 spectateurs d’un Stadium en ébullition, c’était la revanche entre Toulousains et Munstermens ce 26 avril 2003. Si ce match ne ressemblait en rien aux autres matchs, c’est avant tout parce que le Munster, c'était presque l’entièreté de l’équipe d’Irlande. Après un parcours digne d’un futur champion, le Stade Toulousain s’offre « une finale avant la finale », comme le signifiait Christian Labit, troisième ligne rouge et noir. Les compositions parlent d’elles-mêmes : Emile Ntamack, Patrice Collazo, Fabien Pelous, Vincent Clerc face à Ronan O’Gara, Paul O’Connell ou encore Peter Stringer.
Dès le début de match, le Munster impose son rythme et les avants toulousains se mettent à la faute. O’Gara converti une première fois la domination par un drop au quart d’heure de jeu. Puis l’artilleur récidive sur pénalité quatre minutes plus tard. Si les Stadistes meurent tout près de la terre promise par deux fois, ils ne sont récompensés par Yann Delaigue que dans les arrêts de jeu de la première mi-temps par trois maigres points.
Au retour des citrons, O’Gara ajuste, dans l’axe des perches, son second drop de l’après-midi. Delaigue, longtemps incertain avant la rencontre, cède sa place à Elissalde qui réduit une première fois le score sur une pénalité. Puis en fin de rencontre, en suivant les initiatives de Clerc et Servat, Michalak trouve la brèche et plonge dans l’en-but irlandais à six minutes du terme. Elissalde ajuste la transformation et pour la première fois, Toulouse s’autorise à rêver d’une finale à Dublin. Le score ne bouge plus, 13-12 pour des Rouges et Noirs en route vers une deuxième étoile face à l’USAP, fin mai 2003.
2010, l’apothéose
Comme en 2003, Toulouse est en route vers un nouveau sacre, le quatrième du nom. Cette fois, c’est le Leinster qui se dresse sur la route des Jauzion, Dusautoir, Poitrenaud et compagnie. L’ogre irlandais se présente au Stadium avec ses meilleurs atouts : Heaslip, Healy, Hines… La liste est encore longue.
Le pied de Skrela, pourtant critiqué jusque dans les travées de l’Ile du Ramier, dicte le début de match. Berne lui répond du tac au tac. Si le premier essai irlandais est sauvé de justesse par un placage de Clerc, il ne manque que quelques centimètres à Médard pour transformer la première occasion toulousaine d’entrée de seconde période, à la suite d’un bon coup de patte trop profond. Les locaux accélèrent juste avant l’heure de jeu. Une première fois avec un essai tout en puissance de Jauzion, puis quelques minutes plus tard, un coup magique de David Skrela en solitaire qui prend toute la défense irlandaise à revers, dans le second temps, d’une touche sur la ligne des 22, parfaitement négociée. Le Leinster réagit en champion sur la fin avec un essai de Heaslip mais Toulouse gardera son avance. 26-16 pour les locaux, dont 21 points du maître à jouer, David Skrela. Ce match marque le début d’une grande rivalité entre les Rouges et Noirs et le Leinster. Toulouse s’offrira, quelques semaines plus tard, un quatrième titre face au Biarritz Olympique, au Stade de France.
Les demi-finales au Stadium restent légendaires et sont souvent synonymes de trophée au bout du compte. La bande à Dupont, Ramos et consort, a rendez-vous avec l’histoire afin de continuer de rêver et pourquoi pas d’ajouter une sixième étoile au-dessus de l’écusson le 25 mai prochain à Londres, face, sait-on jamais au Leinster…
Tylian Auriol
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