Le rugby, sport traditionnellement associé à des valeurs de respect, d’humilité et de solidarité, traverse une période trouble. Entre scandales d’agressions sexuelles, actes de racisme et comportements inappropriés lors des "troisièmes mi-temps", le rugby français semble vaciller sous le poids des dérives. Face à ces événements, nombreux sont ceux qui se demandent si ce sport, qui a longtemps incarné un modèle de discipline, est en train de perdre son âme.
Le monde du rugby et ses valeurs sont de plus en plus questionnées
Crédit : FFR
L'affaire Mendoza, qui a secoué la sphère médiatique, est emblématique de cette dérive. Deux joueurs du XV de France ont été mis en examen pour des accusations graves de viol en réunion après une tournée en Argentine. Si la présomption d'innocence est de mise, le choc est immense, d'autant plus qu’il implique deux jeunes espoirs de l'équipe nationale, censés incarner l'excellence du rugby et son respect des valeurs humaines. Cette affaire a déclenché une onde de choc qui va bien au-delà du simple cadre sportif. Elle soulève des questions sur l'attitude des joueurs et de l'encadrement vis-à-vis de leurs responsabilités.
Les "troisièmes mi-temps" : un terrain d’incivilité
En parallèle, les fameuses "troisièmes mi-temps" ont souvent été synonymes de convivialité et de partage dans le rugby, un moment de décompression après l’effort intense sur le terrain. Pourtant, ces moments festifs se sont transformés en un terrain propice aux débordements. Des incidents de comportements violents, de consommation excessive d'alcool et d'attitudes inappropriées se sont multipliés ces dernières années, ternissant l’image du sport. Si cette ambiance débridée fait partie du “folklore” du rugby, il devient difficile de justifier des comportements qui vont à l'encontre des principes de respect et de civilité qui devraient le régir.
Pour couronner le tout, très récemment, l’affaire impliquant le joueur Brahima Kaito, qui a fait surface lors d’un match (Fédéral 1), a mis en lumière un phénomène alarmant de discrimination raciste dans un milieu censé être inclusif et ouvert. Ce genre de comportement montre qu’en dépit des discours sur la tolérance, des préjugés raciaux persistent dans certains cercles du rugby, et qu'ils doivent être affrontés de manière plus sérieuse.
Ces multiples débordements qui touchent aujourd’hui le rugby international comme amateur, illustre le fait que notre sport souvent considéré comme une exception est aujourd’hui, comme l’ensemble des secteurs, sous la menace des dérives de notre société actuelle. La vraie question est de savoir si notre sport à vraiment un jour était un eldorado, notamment dans le monde professionnel, ou si ces dérives ont toujours existé, mais ont été trop longtemps couverte par les institutions.
L’appel à un retour aux valeurs fondamentales
Il est indéniable que le rugby, sport de plus en plus médiatisé, subit aujourd'hui une pression intense, non seulement pour performer sur le terrain, maintenir l’engouement autour du sport, mais aussi pour incarner des valeurs humaines irréprochables. Mais il semble que cette pression, couplée à un manque de cadre strict dans certains clubs et fédérations, fasse naître des dérives inquiétantes. L’ampleur des scandales évoqués plus haut a montré que les instances dirigeantes n’ont pas toujours été à la hauteur de leurs responsabilités dans le maintien de l’éthique du sport.
D’un autre côté, Florian Grill à la tête de la Fédération Française de Rugby (FFR) a affirmé qu'il y aurait un "avant et un après Mendoza", un signal clair indiquant que des mesures concrètes seront prises pour restaurer l’image du rugby et ses valeurs fondamentales. La mise en place de protocoles plus stricts, la formation des joueurs sur les questions de respect et d’intégrité, et une politique de tolérance zéro envers le racisme et les comportements violents sont des pistes envisagées pour redonner au rugby son éclat moral.
Les Bleus portés par la haie d'honneur écossaise (P. Lahalle//L'Équipe)
Une responsabilité partagée pour restaurer l’éthique et l’héritage de ce sport
Le rugby est avant tout un sport collectif, et c'est collectivement que les acteurs doivent se remettre en question. Les médias, les clubs, les dirigeants, mais aussi les joueurs eux-mêmes ont une responsabilité majeure dans cette lutte pour le maintien des valeurs. L’éducation, dès le plus jeune âge, doit être au cœur de cette démarche. Les jeunes joueurs doivent apprendre non seulement les techniques de jeu, mais aussi l’importance du respect de l’adversaire, de l’arbitre, et des autres joueurs en dehors du terrain.
Le rugby doit redevenir ce qu’il a toujours été : un modèle de respect, de discipline, et de solidarité. Pour que notre sport au ballon ovale continue de faire rêver les générations futures, et qu’il redevienne l’école de la vie.
Le rugby a une chance unique de se redéfinir, en prenant des mesures concrètes et en réaffirmant les principes d’unité, de respect et de solidarité qui ont toujours fait sa force. Le maillot du XV de France, sali par les affaires extra sportives au cours de l'été, doit reconquérir son public sur le terrain. La victoire contre les All-Blacks lors de la tournée d’automne doit servir de point de départ pour une nouvelle ère du rugby français. Une ère d’exemplarité loin des terrains et de victoires sur le pré pour faire du rugby un idéal. Se servir des succès sportifs pour diffuser dans la société une idéologie basée sur les valeurs si chère au ballon ovale : Acceptation, Solidarité, Respect…
Comments